jeudi 3 janvier 2013

Boulogne - Toulouse: typique

Etienne Capoue, à l'échauffement, submergé par la pression
C'est non sans peine que, le temps d’un week-end, le Téfécé délaisse la course au maintien qui mobilise habituellement toutes ses forces. Ce soir, en 32èmes de finale de la Coupe de France, les Violets se déplacent à Boulogne sur Mer, pour affronter l’ogre de la compétition dans un match sans concession. Chronique d’un gâchis programmé.


A l’entrée des joueurs sur le terrain, la concentration est totale. Alain Casanova, qui a rappelé cette semaine que la CDF était un objectif prioritaire pour le club, a décidé de laisser au repos Didot, Ben Yedder et Abdennour.

La composition des Violets
Mais catastrophe à l’échauffement : tandis que les toulousains ont entamé un petit pont massacreur, Steeve Yago, qui devait être titulaire, est roué de coup par ses coéquipiers et déplore une rupture des ligaments antérieurs et extérieurs avec fracture ouverte au crâne. Il sera indisponible 2 à 3 ans.

Aymen Abdennour, le golgoth du désert, devra donc attendre pour se reposer (ou adopter le rythme dit "d’Etienne Capoue"). A ses côtés, Jonathan Zebina arbore son plus beau strapping intégral. En raison de sa santé précaire, “Toutankharton” se doit de prendre toutes les précautions. 

Dans les cages, Ahamada, qui n’a pas beaucoup récupéré pendant les vacances, laisse sa place à Olivier Blondel. Afin de compléter son modeste salaire de joueur, Ali fait en effet tourner sa boutique de voyant marabouteur à plein régime.



La roulotte de "Big Ali & fils" s'est
 installée sur le parvis du Stadium


Enfin, le coup d’envoi est donné sous une pression terrible. La tension est si forte que, lors de son premier ballon, Blondel, submergé par l’émotion, fond en larmes et demande le changement. Ali Mamamada fait donc son entrée, en récitant quelques paroles rituelles. Mais malgré l’entrée en jeu de son buteur vedette, le Téfécé apparaît en difficulté. 

La défense est même mise à rude épreuve, à la 22ème minute, lorsque Ninkov laisse s’infiltrer l’attaquant boulonnais dans la surface. Heureusement, Zebina arrive à toute vieillesse pour dégager son camp. Encore une fois, Pavle semble ailleurs. Son autobiographie (“Au-delà du temps de jeu”), parue cette semaine aux éditions Chair de Poule, nous a appris que Luzenac, alias “l’endroit où les rêves meurent” se serait tout dernièrement renseigné à son sujet. Quelle humiliation pour le fier serbe ! Heureusement, Yannick Djalo sait comment le réconforter. D’un ferme pincement au postérieur, le lusitanien coquin fait montre de son soutien.    

Au milieu du terrain, le Tèf n’aligne pas deux passes. Ni une, ni deux, Pierre Menès, qui n’attendait que ça, se lance à gras-le-corps dans la rédaction d’une série de tweets assassins, fustigeant tour à tour le manque d’ambition du club, la tactique défensive de Casanova et la toute nouvelle carrière d’Adrien Regattin dans la chanson.  

Furieux, Tabanou et M’Bengue, toujours suspendus, font parler la poudre en tribune. Pendant que Franck multiplie les invectives en direction de l’équipe adverse, Cheikh prend à partie le quatrième arbitre. “On va les déboulonner, ces boulonnais !” lance Tabanou, sous l’oeil goguenard de Capoue, hilare. Quelques minutes plus tard, le quatrième arbitre finit par exercer son droit de retrait face aux menaces physiques et émotionnelles d'M'Bengue. Il sera remplacé par Jean-Daniel Chapi Chapo, faisant jouer sa polyvalence.

Tabanou et M'Bengue se lancent de nouveaux défis

A la 43ème minute, enfin une situation chaude pour les Violets quand Moussa Sissoko tente un contrôle orienté aux 30 mètres qui s’envole vers la lucarne adverse. Malheureusement, le ballon passe de peu au-dessus. Les rires des spectateurs seront ininterrompus jusqu’à la mi-temps.


Yannick, le portugais lubrique
Pendant la pause, nous croisons Sissoko qui semble se diriger vers les toilettes, suivi de près par Yannick Djalo, l’oeil luisant. Distrait, Moussa chantonne “Jeune Sissoko recherche un club mortel, un club qui pourra me donner de l’oseille, un club qui paye et qui n’a pas peur des brêles”. La jovialité de ce garçon nous réchauffe le coeur. 

Pour la 2ème mi-temps, Alain Casanova a fait le choix de prendre un risque dont il a le secret: ne surtout prendre aucun risque.

Heureusement, Pantxi Sirieix semble décidé à remobiliser son équipe. Sur une ouverture lumineuse du beau basque, Manu Rivière, lancé dans la profondeur, décide de tenter sa botte secrète. A la réception du ballon, il manque son contrôle de façon grotesque. Le défenseur de Boulogne, mort de rire, ne peut plus défendre et Emmanuel est libre d’aller perdre son duel face au gardien. 

Alors qu’on entre dans la dernière demi-heure, le Téfécé semble un peu mieux. Tandis que Mamamada parvient à trouver de bonnes touches lors de ses dégagements, ce qui permet de faire remonter le bloc équipe, Sissoko tente beaucoup, mais sans réussite. A la 60ème, sous les sifflets nourris du public, le jeu est arrêté. Effectivement, après plusieurs frappes successives de Moussa, on commence à manquer de ballons ! Finalement, applaudi comme le messie, le vigile du parking abonnés (ndlr: qui se trouve derrière le but de Boulogne) ramène des munitions et la partie peut reprendre.  

Le site de Moussa Sissoko connait un franc succès
Le musculeux milieu de terrain semble soucieux. Et pour cause ! Sur “Anonymoussa”, son forum de discussion anonyme pour footballers souhaitant quitter leurs clubs, la sérénité des discussions ne tient qu’à un fil. En effet, si le premier inscrit, un certain “EtienneC79” met toujours autant d’ambiance avec ses blagues à couper le souffle, un nouveau venu appelé “FranckTabasse31” est tout bonnement intenable. Une suspension de compte est à l’étude pour le trublion. 

À la 75ème minute, moment d’horreur dans le stade. Zebina, alias Joe la Bequille, semble s’être foulé la cheville en voulant marcher un peu trop vite. Mortellement touché, il s’effondre. Les yeux hagards, le titulaire d’une maîtrise de lettres lance de son dernier souffle : « Vulnerant omnes, ultima necat » (ndlr: toutes blessent, la dernière tue). Il sera évacué, entre la vie et la mort, puis admis au service gérontologie de l'hôpital le plus proche.  

Ali fait la moue
Capoue, non sans rouspéter, passe en défense. À la 87ème minute, pendant que l'international se plaint auprès de Casanova de ne pas avoir de poche pour réchauffer ses mains, le courageux attaquant boulonnais s’infiltre dans le trou béant laissé à sa disposition et fusille un Mamamada des petits soirs. 

Au coup de sifflet final, c’est la libération dans le stade. Le banc boulonnais entame un émouvant sirtaki qui augure des lendemains heureux pour les braves nordistes.  Score final : 1-0.


Le coach toulousain, au point presse, commentera d’un frugal “un match conforme”. Pierre Menès, quant à lui, dénoncera une "équipe immonde qui est la honte du football français, et a fortiori de toute l’humanité”. En réponse, Wissam Ben Yedder, maître de répartie s'il en est, se fendra sur son skyblog d'un lapidaire “bolos“. Une sentence sévère mais juste qui ne manquera pas d'amuser Etienne Capoue.

Pierre Menès est meurtri


1 commentaire:

  1. Mention spéciale à la botte secrète de Rivière, aux derniers instants de Zebina et au dernier paragraphe parfait. Merci !

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