vendredi 7 décembre 2012

Lorient - Toulouse: "un match de m..." (sic)

La danse du coup de sifflet final
“Le vent souffle sur les plaines de la Bretagne armoricaine, je jette un dernier regard sur ma femme, mon fils et mon teckel. Akim, le chauffeur de la maison de retraite, est venu me chercher: Casanova a décidé de mener le combat dans la vallée. Après une prière avec mes coéquipiers sans faire état de zèle, le staff nous a donné à tous des gorgées d'Actimel
: pour le courage, pour pas qu'il y ait de faille dans la défense, pour rester grands et fiers quand nous serons dans le Moustoir. Car c'est la première fois pour moi que je jouerai sans blessure et j'espère être digne de la tribu de Casa.”


Extrait du journal de Jonathan Zébina du 2 décembre 2012

Quelques heures avant le match, le train de nuit du TFC arrive en gare de Lorient. Les joueurs sont accueillis par deux supporters en délire, dont Andreas, emblématique supporter chypriote, qui souhaite faire un vidéo-montage en musique des descentes de train des violets. Wissam, casque vissé sur les oreilles, est furieux. "J'ai dû raquer 45 boules parce que j'ai oublié ma carte 12-25 à la cité...", gromelle-t-il. Regattin acquiesce. “Mon gars, même en GAV, y a plus de confort !”, plaisante son coloc (ndlr: les deux jeunes garçons partagent un T1 dans une cité sensible de Saint-Martin-du-Touch).

Ni une ni deux, Wissam appelle Éric Mombaerts pour trouver un peu de réconfort. Le franco-tunisien au visage d’ange fait en effet fureur dans les milieux autorisés. Il se dit même qu’il s’est rapproché ces derniers jours de Noël Le Graet, la nature de leur relation restant inconnue, mais cela ne nous regarde pas.

Ahamada, auto-entrepreneur
Bientôt, les joueurs approchent du Moustoir. Blondel, tout ému, ouvre la marche pendant que Mamamada arrive dans sa roulotte. En effet, le fier portier aux yeux d’ivoire est récemment devenu un entrepreneur émérite en créant son affaire de marabout-magnétiseur (Big Ali et Fils SARL).

Capoue rejoint le groupe quelques minutes plus tard, au volant de sa Citroën C3, édition limitée “Passion Bleus”. Sa tête hoche au rythme de la voix de Dave, dont le tube “Vanina” fait trembler les subwoofers Pioneer du numéro 29. En effet, le lion de l’Atlas avait passé une partie de sa semaine dans son collège de Niort, où il prépare consciencieusement son brevet des collèges. Ce match sera pour lui l’occasion de souffler un peu.

La composition est annoncée : sans surprise, le coach a reconduit l’équipe victorieuse de Lyon, à l’exception de Serge Aurier, qui est en stage d’orthographe à l’école de la deuxième chance après un tweet désastreux pour l’image du club. Ninkov, le boucher de l’Euphrate, le remplace, ce qui n’a pas l’air de plaire au jeune Akpa Akpro. Celui-ci, un temps envisagé en latéral droit, a aussi été testé au goal et au poste de kiné cette semaine, sans se voir confier aucun des trois postes. Furieux, Jean-Daniel Chapi Chapo, polyvalent et polytraumatisé s’il en est, s’en remet à ses activités extra-sportives. En effet, le jeune homme arrondit ses fins de mois en étant également artisan menuisier, stagiaire tourneur/fraiseur en alternance par intérim de nuit à mi-temps, et chroniqueur économique sur BFM TV.


http://toulouse.actu.fr/files/2012/12/etienne-capoue-geoffroy-lambard-tfc-.jpg
Capoue, submergé par l'enjeu
C’est strappé des pieds à la tête que le capitaine toulousain, Jonathan Zébina, rentre sur la pelouse, et ce dans le but de prévenir toute nouvelle blessure. Capoue, hilare, le surnomme désormais Toutânkharton, boutade qui amusera le vestiaire, à l’exception de Franck Tabanou, dont le regard vide est évocateur. 

Le coup d’envoi est donné et dès les premières minutes, le Tèf monopolise le ballon. A la première perte de balle, Blondel, désemparé en tribunes, fond en larmes et sombre dans une crise d’épilepsie dont il ne sortira pas. 


Un peu plus tard, sur le terrain, Abdennour, alias le dragon de Saïgon, fait subir un direct défi physique à Mamamada en multipliant les passes en retrait en lucarne. L’inévitable finit par arriver. Après trois arrêts magnifiques du crâne, Mamamada glisse sur une galette au froment et encaisse un premier but. 1-0 (18ème).

Rien ne va plus au Téfécé. Tandis que Mamamada fait appel aux esprits pour trouver la force de réussir ne serait-ce qu’un seul dégagement hors-touche, Capoue semble avoir la tête ailleurs. En effet, Etienne aurait été touché moralement par un 0/20 à sa dernière dictée, d’autant plus qu’il va devoir faire signer la copie à sa mère.

Les merlus, par vague, donnent l’assaut sur la forteresse toulousaine. Mbengue, dit le cactus de Sibérie, rompt mais ne plie pas. Mais de l’autre côté de la défense, c’est un tout autre cas de figure qui se dessine.

Pavle remembers
Submergé par les merlus, Ninkov boit la tasse. Ses absences sur le terrain sont à mettre sur le compte des flashbacks de sa vie passée. Pavle ne s’est pas beaucoup confié à ses coéquipiers depuis son arrivée au club, mais tous ont compris que la vie ne lui a pas fait que des cadeaux. Il nous confiera écrire une autobiographie (“Au-delà du temps de jeu”), à paraître prochainement aux éditions Chair de Poule. Les humiliations que lui infligent les attaquants bretons rappellent à sa mémoire le son des canons de Pristina en ce jour fatidique où il dût dire adieu à Dmitri, son fidèle compagnon tombés aux mains des Albanais. Et ce qui devait arriver arriva. Sur un tacle au cuir chevelu sur un lorientais, il récolte un sévère carton jaune. Corgnet ne s’en relèvera pas. “J’aurais mieux fait d’aller à Lyon”, murmure-t-il au soigneur avant de perdre connaissance.

Sur le coup franc qui suit, Monnet-Paquet, aux 25 mètres, envoie une frappe pure vers la lucarne de Moumamadou. S’élançant pour la parade, ce dernier bondit tel un koala et se heurte, tête la première, à son poteau gauche. Grâce à quelques claques bien senties d’Abdennour, le portier toulousain émerge d’un rêve tantrique dans lequel il s’était fait greffer les pieds de Zidane. Un réveil douloureux, pour celui que ses coéquipiers appellent “l’homme aux pieds et poings carrés”, d’autant plus que Giuly, en renard des surface, ne s’est pas gêné pour marquer après que le ballon ait rebondi sur le poteau. 2-0 (35ème)

Comme tétanisés, les violets ferment le jeu, et la mi-temps arrive, accompagnée de son triste bilan : pas la moindre frappe au compteur toulousain. “Même pas un tir au-dessus de Moussa”, se lamente Pantxi en rentrant aux vestiaires. 


Paranormal activity
Au détour des WC, nous tombons sur Jean-Philippe Delpech, sortant, l’air hagard, d’une latrine. Anthony Bancarel le suit de près. Embarrassés, les deux stagiaires de TFC TV tentent de s’expliquer. Nous sourions et prenons congés. Après tout, cela ne nous regarde pas.

Mickaël Firmin et Thibault Peyre sont assis sur leurs scooters aux abords du Moustoir. Nous allons à leur rencontre. Thibault nous propose des frites, nous refusons poliment. Interrogés sur leur épanouissement au TFC, les garçons préfèrent changer de sujet. Nous comprenons alors qu’il y a des douleurs qui ne pleurent qu’à l’intérieur.

Dans l’oreillette, on nous annonce que Serge Aurier vient de twitter la tactique du Tèf, avant de supprimer son messages quelques minutes plus tard sur injonction de Sadran. Que de mésaventures pour le massif ivoirien labégeois, dont les tweets ont défrayé la chronique sur la blogosphère tout au long de la semaine (morceaux choisis: « putin, twiter marche pa lol » ou encore « g di a mon coifeur a l’anée prochaine psk je le revoi en janvier lol »).


Suis-je bien ce cher Serge ?
Dès le retour des vestiaires, Casanova fait entrer Pantxi Sirieix en lieu et place de Sissoko, qui semble avoir pris le melon depuis qu’il est devenu “technique”. Le guerrier basque, véritable relais de Casanova sur le terrain, insuffle une énergie nouvelle à l’équipe.

Dès la 52ème minute, le Téfécé réussit à produire une combinaison dont il a le secret. Didot, authentique métronome, enchaîne un une-deux dans l’espace avec Mbengue, un petit pont sur Coutadeur, et une passe en salto arrière vrillé pour Regattin. Celui qu’on appelle “le fenec qui pue” envoie une superbe transversale vers Tabanou, lui-même s’appuyant sur Ben Yedder pour se décaler et finalement centrer après un de ces passements de jambes inefficaces et improbables dont il a le secret. Le centre est parfait et parvient à Wissam qui, d’un magnifique ciseau acrobatique à l’extérieur de la surface, manque le ballon. Mais ce n’est pas fini, point s’en faut, car Regattin le récupère et sa frappe repoussée revient dans les pieds de Ben Yedder, qui transforme l’action. Ayant bien appris sa leçon auprès de la commission de discipline, il ne fêtera pas son but. 2-1 (55ème).

C’est un autre match qui commence, mais sur l’action qui suit, Tabanou se blesse, en se prenant le pied dans la pelouse synthétique lors d’un passement de jambes devant Casanova.
Sur le bord du terrain, Djalo finit son échauffement, et ajuste ses collants en attendant de rentrer. Capoue, bien installé dans son transat, n’en manque pas une miette et commente: “dites à Nafissatou de bouger son cul, on n’est pas au Sofitel ici”. Lorientais et toulousains rient à l’unisson, à l’exception de Tabanou qui, le regard bovin, prépare sa déclaration d’après-match.

Le Téfécé pousse mais s’expose aux contres lorientais. Heureusement, les merlus ont fort à faire face à la solide défense centrale des violets. Pendant qu’Abdennour court comme un dératé, le capitaine Zébina, à terre, perclus de crampes et de multiples fractures, utilise ses strappings à la manière d’un lasso pour arrêter les attaquants bretons. Capoue rie à gorge déployée en singeant ses coéquipiers d’une danse grotesque.



Pimp my ride, by Jonathan Z.


Casanova n’apprécie guère le comportement désinvolte de son international et le rappelle sur le banc. “Prends ta prime et casse-toi, les mecs comme toi ne méritent même pas de marquer au Moustoir”. Etienne, soulagé, prend place sur le banc pour feuilleter le dernier Super Picsou Géant. Manu Rivière, rentré à sa place, ne touchera pas un ballon jusqu’à la fin du match. La faute à des coéquipiers qui en ont marre d’effectuer les replis défensifs qu’impliquent les passes à sa destination.

Sur une dernière ouverture de Ninkov, qui ne trouvera personne, l’arbitre siffle la fin d’un match qui ne demandait que cela. Score final: 2-1.  



"Fier de mes joueurs"
Au micro de RMC, Franck Tabanou déclarera: “Les éléments ont été contre nous ce soir, même si on n’a pas su mettre tous les ingrédients. L’état du terrain, en cette saison, nous empêche carrément de développer notre jeu (ndlr: oubliant qu’il s’agissait d’une pelouse synthétique.)”

Le torse bombé, Casanova nuancera: “Ce soir, je suis fier de mes joueurs. Ce match est conforme à nos ambitions, nous sommes à notre place. Allez, tous au Macumba pour fêter ça !”. Il n’en fallait pas plus pour que le regard de Wissam s’illumine enfin.


Etienne Didot, miné par la défaite des siens, s’est quant à lui immédiatement dirigé vers le bar le plus proche. “Ces moments-là me donnent envie d’écouter Miossec”, nous confie-t-il en buvant sa bolée de cidre cul sec. Il passera la nuit en cellule de dégrisement.

Sur le plateau du Canal Football Club, Pierre Mènes, lapidaire, jugera: “Les toulousains ont retrouvé leur niveau... Une équipe qui n’a jamais rien prouvé en L1 et qui ferait mieux de s’en tenir au rugby”. En guise de réponse, Capoue, hilare, se fendra d’un trait d’esprit dont il a le secret: "Pourquoi les pêcheurs ne sont pas gros ? ... Parce qu'ils surveillent leur ligne !" Gageons que Ronflex saura méditer ces paroles dures, mais justes.
  


 

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