vendredi 7 décembre 2012

Toulouse - Bastia: rencontre sous haute tension

Ahamada, heureux d'avoir retrouvé
 sa place de titulaire
A moins d’une heure du coup d’envoi, le Stadium, quasi à l’abandon et plongé dans la brume, respire l’ambiance d’un film d’horreur ivoirien. Olivier Blondel, qui s’est retranché dans son vestiaire, est terrorisé. Mamamada, de son côté, récite quelques incantations dont il a le secret depuis qu’il a ouvert son troisième oeil, don qui ne lui est malheureusement d’aucune aide quand il s’agit d’estimer les trajectoires.  

Comme à son habitude, Alain Casanova, dans un suspense terrible, a attendu le dernier moment pour communiquer la composition des Violets.
La défense est une nouvelle fois bouleversée. Yago fait son grand comeback sur l’échafaud associé à l’homme de verre, Jonathan Zebina. A leurs côtés, Aurier est également de retour pour évoluer milieu et défenseur droit. Djalo, placé sur le même côté pour faire le nombre, sera ainsi aux premières loges pour reluquer le fier Serge, et plus particulièrement son postérieur, ce qui n’est pas pour déplaire au portugais lubrique. Aucun changement pour le reste. 

A noter que Moussa Sissoko ne s’est pas entraîné en début de semaine, les muscles encore endoloris de son dernier match sur une surface synthétique (il semblerait que l’influence du nouveau capitaine des violets se fasse de plus en plus sentir). Les grillages du terrain d’entraînement ont, à coup sûr, apprécié ce répit.

L’heure du coup d’envoi approche et après un échauffement déjà catastrophique, les joueurs sont rappelés sur le terrain. Le kop bastiais se fait entendre, tandis que résonne le Se Canto dans un Stadium aux airs de coquille vide, et dans nos coeurs.

La gare de Luzenac-Garanou, un endroit vivant
La partie commence. Steeve Yago, dernière pépite du centre de formation, semble soucieux. La rumeur court, dans certains milieux bien informés, que le club aurait déjà réservé en son nom un aller simple direction la gare routière de Luzenac-Garanou, aussi appelée “la chambre froide du TFC”. Le nain de la garigue sachant, comme tous, qu’il s’agit d’un voyage sans retour, entame la rédaction d’un journal personnel.
Dès l’entame, le rythme est soutenu. Les joueurs du Téfécé se dépensent sans compter pour combler le vide laissé par Etienne Capoue, qui a entamé une partie de solitaire sur son iPad. Moussa Sissoko a également l’air peu concerné. En effet, il a lancé cette semaine sa start up sur internet. Son forum pour footballers professionnels ayant des envies d’ailleurs et désirant en discuter sans risque d’être reconnus (nommé en conséquence “Anonymoussa”) est d’ores et déjà un succès. Dès les heures qui ont suivi la mise en ligne du site, une première inscription était déjà enregistrée, un certain “EtienneC79”. Nous n’en savons pas plus.
Heureusement, sur le terrain, les corses ont fort à faire face à un Serge Aurier des grands soirs qui quadrille le terrain en hurlant des chants guerriers et multiplie les tacles tranchants. Maoulida en fera les frais, déplorant effectivement une belle plaie à la pommette après un contact viril mais correct avec le boucher de l’Amazonie.

Etienne Didou (qui, en raison de son grand âge, ne joue plus que les matchs à domicile) apparaît en jambes, en verve et en bas résille. Dans un petit espace, il trouve Franck Tabanou dont le magnifique dribble échoue lamentablement. Le rebond profite néanmoins à Moussa Sissoko, dont la frappe au-dessus touche une mouette perdue dans la brume, avant de retomber dans les pieds de Wissam Ben Yedder. Le furtif attaquant ne s’en laisse pas compter, et ouvre le score. (1-0, 28ème).

Pavle Ninkov, dans son match
Alors que le Stadium exulte, l’ambiance se réchauffe un peu trop dans les tribunes. Les supporters bastiais, réputés pour leur calme et leur diplomatie, font face aux hooligans toulousains. Une bagarre éclate et Capoue, hilare dans sa chaise longue, déplore le manque d’engagement de ses supporters. Pavle Ninkov quitte son banc pour soutenir les Indians. Le fier serbe est familier de ces situations de crise.Le temps où il a tué un homme pour la première fois, dans un sous-bois à proximité de Račak, n’est pas si lointain. “Pour Dmitri !”, crie-t-il en assenant de terribles coups de poteau de corner.

L’arbitre tente d’arrêter le match, mais, sous la pression des joueurs bastiais, il n’ose intervenir (d’autant plus qu’ils lui ont confisqué son sifflet). Les corses en profitent pour mener une contre-attaque surprise qui échouera sur Mamamada. Celui-ci, en manquant totalement le ballon, trébuche la tête la première et arrête finalement le ballon avec le mollet gauche. “Un style peu académique, mais efficace”, selon Raymond Domenech. L’arbitre, sous la protection de Moussa, parvient finalement à siffler la mi-temps avec ses doigts.

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À la mi-temps, le Stadium se vide rapidement. Seuls quelques supporters irréductibles se résignent à rester. Nous allons à leur rencontre. Rapidement, nous faisons la connaissance de Eun-Yoo Il, supporter atypique s’il en est, car il s’agit tout simplement du premier fan nord-coréen du TFC ! “Je fais également tous les déplacements”, nous assure-t-il. “Ainsi, j’espère passer sur TFC TV et dire au monde ce que mon peuple endure”. Lassés par ce discours d’un autre âge, nous prévenons la sécurité du Stadium, aujourd’hui assurée par les jeunes du Dynamo Pechbusque. L’imposteur sera évacué sans ménagement.
Yannick Djalo, en tenue de soirée

Dans les couloirs des vestaires, nous apercevons Djalo qui appose discrètement une petite tape sur le fessier bombé de Pavle Ninkov. Ce dernier ne lui en tient pas rigueur. Il a en effet appris la tolérance lors d’un séjour dans un centre de détention yougoslave. Une cicatrice qui ne s’est néanmoins jamais refermée pour le fier serbe.

Un peu plus loin, nous surprenons Moussa Sissoko en pleine discussion avec Etienne Capoue, son compère international.
“ […] Là-bas, j'aurai ma chance, j'aurai mes droits et la fierté qu'ici je n'ai pas, t’as vu ? Franchement, tout ce que tu mérites est à toi. Mais ici, les autres imposent leur loi, putain ! Je te perdrai peut-être là-bas, mais je me perds si je reste là. Ici, même nos rêves sont étroits, la vérité”. Quel est cet ailleurs dont parle le bourreau du Blanc-Mesnil ? Nous n’en saurons pas plus.

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La deuxième mi-temps repart sur de bonnes bases, mais le match est encore proche de dégénérer à la 52ème quand Moussa, aux 25 mètres et malgré un défenseur à moins d’un mètre du ballon, décoche une terrible frappe qui passe juste au dessus du crâne de ce dernier. Le ballon s’envole dans la brume et ne réapparaîtra pas. Nous surprenons l’équipementier ballon du club, en tribunes, qui se prend la tête dans les mains. “S’il est encore là la saison prochaine, ce sera sans nous”, aurait-il glissé à son voisin.

Les Violets commencent à fatiguer. “Ils ont l’air déshydratés“ commente Rivière sur le banc, en confondant avec “exténués”. Ni une ni deux, Casanova, qui a grande confiance en son attaquant vedette, appelle Firmin en soutien : “Porte l’eau, porte la bien, surtout fais attention, ne renverse rien, fais l’effort, tu le sais bien, chaque jour qui passe fait la pelouse plus grasse”. Conforté dans son statut de figurant indiscutable de la feuille de match en cas d’effectif décimé, le prometteur milieu de terrain prend peu à peu confiance. Au détour de l’infirmerie, Jonathan Zébina, qui pense avoir affaire à un stagiaire, commet l’erreur de lui demander une bouteille d’eau. Vexé, le jeune ruthénois réplique: “Moi je suis Mika Firmin, et toi, t’es qui putain ?”. Le vétéran de la Juve se sauve en pleurs.

Sur le terrain, ça chauffe pour les toulousains. Après trois actions chaudes, ils encaissent finalement un but de Modeste, à mettre sur le compte d’une énième erreur de jugement de Yago. À l’issue de la rencontre, celui-ci sera roué de coups par une dizaine de ses coéquipiers, qui ont préféré garder l’anonymat. “On l’a passé à tabac, nous”, commentera Franck Tabanou, d’humeur rieuse.

Tout est finalement à refaire pour des Violets proches de l'asphyxie mentale. Pantxi Sirieix entre en jeu pour densifier le centre du terrain, que Capoue et Sissoko ont déserté pour rejoindre les émissaires du Stade Toulousain.

Le Téfécé repart à l’attaque. Djalo, virevoltant entre les défenseurs corses à la manière d’un danseur de ballet, finit par leur donner le tournis en manquant toutes ses passes. Ben Yedder en profite pour réaliser une action de classe régionale. Après une roulette russe sur son vis-à-vis, il enchaîne un coup du Chapi Chapo qui vient se loger sur le torse velu de Pantxi Sirieix. A cette distance, même Sissoko n’aurait pu manquer le cadre et l’emblématique basque transforme facilement. (2-1, 76ème)

Il s’agit maintenant de tenir le score. Jean-Daniel Chapi Chapo, dit le polyvalent, qui officie ce soir sur le banc des remplaçants, ainsi qu’en tant qu’arbitre de touche et stadier, intensifie son échauffement. Casanova l’appelle enfin. Motivé comme jamais, il se dirige vers le banc violet, où on lui explique que la buvette a besoin de renfort pour contenter tous ces corses ivres de colère. Casanova louera plus tard, lors d’un repas arrosé avec de vieux amis “un véritable travailleur de l’ombre comme on les aime par chez nous”.  

Alain Casanova esquisse un sourire

A la 85ème, Zébina, resté à terre après un contact rugueux avec le poteau de corner, cherche désespérément du réconfort auprès de ses partenaires. “Rassurez-moi, si les douleurs nous rendaient meilleurs...” gémit-il, avant de perdre connaissance. Capoue, hilare, fait rouler le capitaine toulousain en touche (ce sera son seul effort physique de la soirée).

Le match est sur le point de se terminer. Mais alors que la victoire tend les bras aux Violets, le terrain est envahi par la quasi-totalité des non moins de 300 supporters encore présents au stade. Le président Sadran avait en effet réussi un nouveau tour de force en invitant la totalité des maisons d’arrêts de la région pour remplir quelque peu le Stadium. Leur comportement s’est malheureusement révélé instable. Qui l’eut cru ? “Lustucru !”, répondrait Capoue s’il nous entendait.

Match perdu sur tapis vert (0-3)

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Casanova refusera de s’exprimer sur l’issue de la rencontre, il respecte bien trop son président pour cela. Néanmoins, interrogé à propos des laissés pour compte du banc toulousain, il déclarera sèchement: “il y a toujours des sacrifices sur le chemin de la révolution”. Franck Tabanou laissera échapper un rire gras tandis qu’Akpa Akpro, qui vient de terminer le ménage, arrive le dernier en zone mixte.

Pierre Menès, après le match, commandera une pizza géante. Une fois n’est pas coutume, son analyse parcellaire de la rencontre présentera autant de zones d’ombre que son slip.

"Un travail de Titan" pour Pizza 37/7


3 commentaires:

  1. Pourquoi y-a-t-il dans vos articles, des images qui ne vous appartiennent pas ? et qui n'ont rien à voir avec le foot ?

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