vendredi 14 décembre 2012

Toulouse - OM: une défaite au courage

Le Téfécé se déplace ce soir au Stadium devant un public hostile. L’odeur du pastis se fait sentir jusqu’aux tours d’Empalot et l’atmosphère est électrique en marge d’un match qui est d’ores et déjà essentiel dans la course au maintien. À proximité du stade, nous apercevons Zebina se garant, fort légitimement, sur un emplacement GIG/GIC. 

Wissam se détend avant le match
Sur le parvis, une scène d’horreur: un carambolage monstrueux a eu lieu sur le ring des auto-tamponneuses. Bilan: 6 morts et 30 blessés graves. Ben Yedder, alias le “Samy Naceri du 31”, s’en sortira miraculeusement indemne. La fête foraine terminée, il se décide enfin à rejoindre ses coéquipiers, accoudés à la buvette toute proche.


A une demi-heure du coup d’envoi, les joueurs toulousains apparaissent détendus dans le vestiaire. “Moussa, Moussa, ai se eu te pego...”, chuchote Djalo, d'humeur lubrique, à l'oreille de Sissoko. Ce dernier, exaspéré par l’attitude papillonne de Yannick, l’attaque verbalement: “franchement regarde-toi, plus personne ne se fait des coupes au gel depuis Diam’s”. Malheureusement, la barrière de la langue est trop forte. Yannick étouffe un rire gêné et cristallin, croyant à des avances, avant de regagner sa douche. Seul pense-t-il, mais Etienne Didou est également présent. Il s’y est réfugié pour pleurer à chaudes larmes, tenant au creux de ses deux mains un pommeau aussi rouillé que ses articulations.

Le calme revient soudainement quand Ninkov fait à son tour son apparition. Pavle, désormais excédé par le comportement de ses coéquipiers, a instauré dans le vestiaire un climat de terreur. Après une belle remontée de chaussette, le silence règne. “Mi amor, c’est une mise à mort !”, s’exclame Etienne Capoue, goguenard, avant de subir la colère du fier serbe.

Alain Casanova, dont la démission a été refusée à trois reprises cette semaine par le président Sadran (ndlr, faute d’entraineur moins cher sur le marché), a décidé, comme à son habitude face à la défaite, de ne rien remettre en question. Sa composition s’en ressent.
 
En défense, Abdennour est titulaire en lieu et place de Steeve Yakalelo, actuellement en réanimation suite à de nouvelles brimades de la part de ses coéquipiers après le match perdu contre Lille. Le jeu du foulard serait en cause. Aymen sera aligné aux côtés d’un Zébina tout revigoré par ses séances de magnétisme auprès d’Ali “Butterfingers” Ahamada. 


Trop fier, trop frais

Aurier et M’Bengue occuperont les couloirs de la défense avec, devant eux, respectivement Regattin et Tabanou, les feux-mollets du Téfécé. Au milieu, Pantxi Sirieix bénéficie d’un repos mérité après son excellente performance de mardi. Il est suppléé par Didot. Sissoko et Capoue, les deux internationaux mais néanmoins talons d’Achille de l’effectif, seront eux aussi au rendez-vous des artistes.

En attaque, Ben Yedder retrouve sa place de titulaire, après un énième match sur le banc en punition de ses frasques extra-sportives. “Ça ne fait plaisir à personne d’aligner Rivière titulaire”, nous avait confié Casanova en off. On ne peut qu'être d'accord avec lui. 

"L'important, c'est pas la chute..." murmure Ali Ahamada

Enfin, côté gardien, Mamamada sera malheureusement absent pour ce match. En effet, le marabout-désenvoûteur aurait oublié de se déclarer aux impôts et serait actuellement en garde à vue à la gendarmerie de Balma (il aurait reçu la visite d’Elie Baup, coutumier de ce genre de mésaventures). Blondel ayant poliment refusé l’interim, la chance est donnée à Vidal qui accepte sous la pression du staff.


A quelques secondes du coup d’envoi, les joueurs marseillais sont toujours seuls sur la pelouse, acclamés par une foule en délire. En effet, les toulousains refusent d’entrer sur le terrain sous l’impulsion de Capoue, dont la motivation n’est pas sans rappeler celle qui anime Pierre Menès face à un vélo d’appartement. Heureusement, le retour de Ninkov, qui était aux toilettes avec Yannick Djalo, remet de l’ordre dans la maison toulousaine. 

Quelle joie de voir le Stadium enfin rempli !

Au moment où les Violets font enfin leur apparition sur le terrain, moqués par le public phocéen, le nouvel hymne du Téfécé résonne en l’enceinte sacrée du Stadium Municipal. Le staff toulousain, désormais convaincu de l’absurdité du “Se canto”, a choisi de remplacer le chant désuet par “La digue du cul”, hymne autrement plus festif. La minute de silence dédiée aux victimes de la fête foraine sera, quant à elle, copieusement sifflée.

Le coup d’envoi est finalement donné, tandis que José Anigo prend place en tribune, à côté d’un autre José, ancienne gloire d’un feuilleton à succès. Le virtuose du synthé a pu bénéficier de la nouvelle initiative du président Sadran, baptisée “Génération 90, tous supporters”.  


En tribunes, un match dans le match

Sur le terrain, le spectacle est conforme aux prévisions de Daniel Riolo. Pendant les dix premières minutes, il n’y a effectivement rien à se mettre sous la dent. Pierre Menès en est particulièrement attristé, comme en témoignent ses tweets assassins teintés d’un humour gras.

A noter qu’André-Pierre Gignac, feu la coqueluche du Stadium et de tous les fast-food de la ville rose, est bien présent en pointe de l’attaque marseillaise. Sur une attaque classique de l’OM, où se suivent un mauvais contrôle d’Amalfitano, un mauvais geste de Barton et une simulation de Valbuena, Dédé la Fourchette hérite d’un ballon à droite de la surface. Face au marquage inexistant de Capoue, trop occupé à trier ses cartes Pokémon, l’attaquant olympien place une frappe grossière sur Vidal. Le goal inexpérimenté du Tèf, par timidité, laisse passer le ballon (0-1, 23ème).

Gignac fête son but comme il se doit auprès de son public. Il est alors poursuivi par ses anciens coéquipiers, animés d’une joie folle. Braaten, notamment, lui saute dans les bras. Tous ne prendront conscience de leur étourderie que le lendemain, devant le Canal Football Club.

But de Gignac ! Les toulousains exultent !
Au micro de Paganelli, Casanova ne semble pas affecté. Habitué aux séries noires, il déclare seulement: “nous avons du mordant, du répondant, du croustillant et du croquant, c’est tout ce qui compte à mes yeux”.

Sur le terrain, cela dit, c’est bien moins reluisant. Le Téfécé déjoue. Les transmissions sont téléphonées, et la défense marseillaise propose un sacré art ! La morosité gagne alors les supporters, que seules les quelques frappes en tribune de Moussa Sissoko délivrent de l’ennui.

Dès la 40ème minute, Casanova prend une décision dont il a le secret: il ne faut rien changer. Et ce qui devait arriver arriva. Sur une action où Valbuena, se tenant la tête après avoir été effleuré au pied, enchaîne non moins de quatorze roulades, les défenseurs toulousains sont décontenancés par les supplications du champion olympique de plongeon (des moins d’un mètre soixante). Gignac, bourru comme un étalon après l’hiver, sort du bois pour inscrire un doublé sous les applaudissements d’un public conquis. (0-2, 44ème)


A la mi-temps, Wissam Ben Yedder est appelé au micro de Canal+ sur le chemin du vestiaire. “On a fait le plus dur, maintenant il faut tenir” déclare-t-il, dans un bien bel optimisme qui fait chaud au coeur.

Au détour d’un couloir, nous croisons Sissoko et Capoue en pleine discussion. Moussa chuchote: “Demain, dès l’aube, à l’heure où Djalo met son pagne, je partirai. T’as vu, je sais ce qui m’attend. J’irai jouer la gagne, j’irai chez les anglais”.

Capoue et Sissoko se prêtent à de douces rêveries

Dans le vestiaire toulousain, l’ambiance est lourde. Cheick M’Bengue, frustré d’être sans arrêt confondu avec Moussa Sissoko par les commentateurs de Canal+, semble à bout. “C’en est trop pour une seule vie, je n’en puis plus”, soupire-t-il en agressant verbalement, physiquement et émotionnellement Yannick Djalo qui, malgré son absence de la feuille de match, avait souhaité s’imprégner, selon ses dires “de l’ambiance moite et virile du vestiaire”.


Au retour des vestiaires, Casanova décide de jouer tout pour l’attaque. En conséquence, Pantxi Sirieix entre à la place d’un Regattin scintillant de beauté et que ses coéquipiers surnomment désormais “Yves Rocher”.

Après dix minutes bien pauvres, Capoue, qui semble connaitre un passage à vide dans sa carrière (dit “de Moreira”) rejette la faute sur Djalo qui, apparemment, le regardait d’une façon un peu trop intense depuis les tribunes. “Un international n’a-t-il pas le droit de compter ses autocollants Panini tranquillement?” lance-t-il à la cantonade. Une supplique qui résonne comme un coup de couteau dans le dos pour Serge Aurier qui, seul contre tous, multiplie les kilomètres pour compenser les absences d’Etienne.

Vidal garde la pêche
A la 58ème minute, Pantxi Sirieix envoie une magnifique passe manquée qui finit dans les pieds d’Amalfitano. Celui-ci, encouragé par une ola qui a démarré dans les tribunes, envoie Remy dans la profondeur. Sa frappe pure est renvoyée par la barre transversale dans les pieds de Gignac, qui ne se fait pas prier pour fusiller un gardien aux allures de passoire (0-3, 59ème).

Tandis que le Stadium exulte, Casanova tire sa dernière cartouche en faisant rentrer l’attaquant vedette, Manu Rivière, alias le coq sans tête. Pendant que les défenseurs marseillais se gaussent, Emmanuel Misère profite du flottement pour manquer un contrôle de façon ridicule. Le fou rire de Nkoulou profite néanmoins à Didot, dont la frappe lobée est si molle que Mandanda a le temps d’aller la chercher en marchant avant qu’elle n’atteigne le but. Ce sera la seule et unique occasion du Téfécé lors de cette rencontre. Des statistiques conformes aux ambitions de jeu d’Alain Casanova.

Alors que la fin du match approche, un terrible duel a lieu entre Zebina et Gignac qui se frappent mutuellement à coup de béquilles. “C’était mon kiné !” hurle le capitaine des Violets au poids lourd phocéen. “Mon kiné, c’est mon kiné, tu as le tien, alors laisse-moi le mien”, ajoute-t-il, avant de se mettre en position du foetus devant le fougueux marseillais.

Au coup de sifflet final, les Indians, retranchés dans le parcage visiteur, appellent à l’aide, sans succès. En effet, face à tant d’adversité, les stadiers assurent en priorité la défense du président Sadran, qui vient tout juste d’achever son sudoku.    

Score final: 0-3.

"Là, je reconnais mieux mon équipe. Prochaine étape: le maintien !"

Peu après la fin du match, la fête bat son plein dans le vestiaire toulousain. Adrien Regattin remporte sans difficulté le concours de limbo organisé par Zebina. Seul Franck Tabanou, le regard chevalin, est prostré dans un coin du vestiaire. Il pense en effet au chemin qui lui reste à accomplir pour enlever ses deux chaussettes sans l’aide des soigneurs, ce soir acquis à la cause marseillaise. Une épreuve de plus pour le père courage du Téfécé.

Au point presse, M’Bengue déclare aux journalistes “On ne va pas analyser le match, maintenant on profite”. Casanova complète les dires de son fils spirituel en parlant d’ “une défaite rassurante qui, dans l’animation, représente presque un match référence”.

Après le match, Pierre Menès fustigera l’inefficacité de l’attaque phocéenne qui “aurait pu en planter cinq de plus à cette équipe de tocards. Ce TFC me couperait presque l’appétit”. “tg t gro”, répondra Wissam sur Twitter, dans un trait d’esprit remarquable.

Quelques jours plus tard, à la Bodega du Tef, Olivier Sadran à qui l’on demandera s’il a pu passer outre la nouvelle prestation catastrophique de l’attaquant le plus cher de l’histoire du club, déclarera sèchement: “on n’oublie jamais rien, on vit avec”. Alain Casanova, qui espionnait la conversation non loin de là, apostrophe son président: “il faut vite s’en débarrasser, n’attendons pas que la mort lui donne du talent !”. Il sera finalement blessé à la tête par un coup de râteau asséné par le jardinier municipal qui passait par là. La boucle est bouclée.

"Et vous l'avez acheté 6 millions !"

6 commentaires:

  1. Bon ça y est, j'ai lu tout le blog, que je viens juste de découvrir. Bordel quel bonheur, c'est trop énorme. Je savais vraiment pas qu'il était possible de faire des trucs aussi drôles sur la mythologie du TFC. J'ai bookmarqué et j'en redemande.

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  2. Salut Jarod ! Merci pour ce premier commentaire dithyrambique. N'hésite pas à faire tourner ! On a, pour l'instant, une fan-base pour le moins exclusive. Grabator

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  3. super les gars c genial je me suis regalé mais malheureusement il y a beaucoup de verité et nous sommes les euls a les voir!... me tarde le prochain post ')

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  4. Salut les gars, c'est bien de rendre comique la situation, merci de m'avoir fait rire ce soir! Cependant, je ne peut cautionner un tel blog si derrière cela ne suit pas. Je m'explique, nous sommes tous attristé par la situation que l'on est en train de vivre. Pourquoi ne pas entamer une révolte collectivement ? Pourquoi esquiver le stadium en signe de protestation? Je crois que si nous sommes tous derrière le TFC, même dans un tel creux pareil; il est important de donner de la voix. Je vous invite, à vous les bloggers, vous les supporters, nous tous, aux Indians... Crier notre désespoir, montrer notre mécontentement, sauver NOTRE club!
    Pourquoi n'ouvrez vous pas un blog ou une page facebook "Pour un mouvement de protestation au TFC" ? Croyez moi, vous aurez du peuple... et serait le premier inscrit! à bon entendeur, vive le Téf hein ;) et vive les chèvres quoi!

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    1. Oh ben tu sais, notre rôle est de cristalliser les frustrations des supporters du Tèf... pour mieux prendre du recul sur ces situations. C'est pas facile tous les jours, certes, mais il faut savoir rester léger. On est dans une mauvaise passe, ça arrive. Demain, ça ira mieux. Et si c'est pas demain, ça sera plus tard. Pas de quoi sonner la révolte, battre le pavé ou demander la tête de Casa. En attendant, nous sommes ravis de t'avoir fait rire, c'est bien notre seule intention.

      Au fait: nous serons au Stadium dimanche prochain, comme à chaque fois qu'on en a l'occasion ;)

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